La Liberté

La mère de Navalny réclame le corps de son fils "sans délai"

La mère d'Alexeï Navalny a réclamé aux autorités russes le corps de son fils "sans délais" alors que de nombreuses personnes en Russie et ailleurs ont rendu hommage à l'opposant russe décédé en prison (Archives). © KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN
La mère d'Alexeï Navalny a réclamé aux autorités russes le corps de son fils "sans délais" alors que de nombreuses personnes en Russie et ailleurs ont rendu hommage à l'opposant russe décédé en prison (Archives). © KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN
La mère d'Alexeï Navalny a réclamé aux autorités russes le corps de son fils "sans délais" alors que de nombreuses personnes en Russie et ailleurs ont rendu hommage à l'opposant russe décédé en prison (Archives). © KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN
La mère d'Alexeï Navalny a réclamé aux autorités russes le corps de son fils "sans délais" alors que de nombreuses personnes en Russie et ailleurs ont rendu hommage à l'opposant russe décédé en prison (Archives). © KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN


Publié le 20.02.2024


La mère d'Alexeï Navalny a appelé mardi le président russe Vladimir Poutine à lui remettre "sans délai" le corps de son fils. L'équipe de l'opposant accuse les autorités de cacher sa dépouille pour couvrir un "meurtre".

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé pour vendredi "un ensemble de sanctions majeures" contre la Russie à la suite de la mort à 47 ans dans une prison de l'Arctique de l'adversaire numéro du président russe.

L'Union européenne a pour sa part convoqué le chargé d'affaires russe à Bruxelles pour lui faire part de son "indignation", tandis que la Pologne, l'Italie et la Belgique ont convoqué à leur tour les ambassadeurs de Russie dans leurs capitales respectives.

Le monde occidental a vivement dénoncé la mort d'Alexeï Navalny dont il tient Vladimir Poutine pour responsable.

Depuis son décès annoncé le 16 février, la mère et un avocat de l'opposant cherchent en vain à avoir accès à son corps. Mais, selon l'équipe du défunt, les enquêteurs russes ont affirmé qu'ils ne rendraient pas sa dépouille avant au moins 14 jours afin de procéder à une "expertise". Un délai, qui, d'après des juristes, pourrait être prolongé pendant des semaines.

Dans une vidéo diffusée mardi, sa mère Lioudmila Navalnaïa s'est donc adressée directement au président russe pour obtenir gain de cause, tandis que M. Poutine n'a pas commenté publiquement la mort de son principal opposant après trois années de prison.

"Rendez le corps d'Alexeï !"

"J'en appelle à vous, Vladimir Poutine, la solution à ce problème ne dépend que de vous. Laissez-moi enfin voir mon fils. Je demande à ce que le corps d'Alexeï soit rendu sans délai afin que je puisse l'enterrer de façon humaine", a-t-elle déclaré, filmée à proximité de la colonie pénitentiaire où s'est éteint son fils.

Le Kremlin n'a pour l'heure pas réagi à cette requête. En revanche, il a rejeté mardi les accusations de la femme d'Alexeï Navalny, qui a affirmé la veille que le président russe avait fait tuer en prison son mari.

"Il s'agit d'accusations grossières et totalement infondées (portées) contre le chef de l'Etat russe mais étant donné que Ioulia Navalnaïa est devenue veuve il y a quelques jours, je ne ferai pas de commentaires", a dit son porte-parole, Dmitri Peskov.

"Je me fous de la manière dont le porte-parole d'un tueur commente mes propos. Rendez le corps d'Alexeï et laissez-nous l'enterrer dignement, n'empêchez pas les gens de lui faire des adieux", a rétorqué Ioulia Navalnaïa, sur son compte X. Peu après ce message, son compte a été suspendu pour violations des règles d'utilisation, avant d'être rétabli moins d'une heure plus tard.

Le commissaire européen Thierry Breton a à cet égard averti la directrice générale de ce réseau social que de telles suspensions "arbitraires" n'étaient pas acceptables.

400 arrestations

Dans une vidéo parue lundi, Ioulia Navalnaïa, a promis de prendre la succession de son époux et de poursuivre son combat. Lundi, elle a assisté à une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats de l'UE au cours de laquelle elle a appelé les 27 à ne pas reconnaître le résultat de l'élection présidentielle russe de la mi-mars.

En Russie, les modestes tentatives pour rendre hommage à l'opposant ont ainsi été réprimées. Selon l'ONG spécialisée OVD-Info, près de 400 personnes ont été interpellées par la police dans une quarantaine de villes russes pour avoir voulu honorer sa mémoire, en particulier en déposant des fleurs ou en allumant des bougies.

Le porte-parole du Kremlin a jugé mardi justifiées ces arrestations. "Les forces de l'ordre agissent dans le cadre de la loi", a dit Dmitri Peskov.

Par ailleurs, M. Peskov a qualifié de routinière la promotion par M. Poutine lundi de hauts responsables des services pénitentiaires, soit trois jours après la mort de M. Navalny. "Ce sont des processus normaux d'avancement", a-t-il commenté.

L'opposant, qui purgeait une peine de prison de 19 ans pour "extrémisme", est mort le 16 février en détention, selon les services pénitentiaires.

"Chef de gang"

Après avoir survécu par miracle à un empoisonnement en août 2020, puis avoir été soigné en Allemagne, cet homme, devenu populaire grâce à ses enquêtes sur la corruption du pouvoir russe, avait choisi de retourner en Russie en janvier 2021.

Il avait été immédiatement arrêté et condamné successivement à des peines de plus en plus lourdes, dans des conditions de détention de plus en plus difficiles, souvent dans le froid d'une cellule d'isolement.

Un opposant et ami de longue date d'Alexeï Navalny, Ilia Iachine, emprisonné en Russie pour avoir dénoncé l'assaut contre l'Ukraine, a quant à lui promis de poursuivre sa lutte.

Dans une lettre diffusée mardi par ses proches, il s'est aussi dit "convaincu" que le maître du Kremlin depuis un quart de siècle avait "ordonné" de tuer M. Navalny.

"Dans la compréhension de Poutine, c'est ainsi que le pouvoir s'affirme: avec des meurtres, de la cruauté et une vengeance révélatrice. Cette pensée n'est pas celle d'un homme d'Etat. C'est celle d'un chef de gang", a dit Ilia Iachine.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11